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Bashô ++ : une étude comparative… 5/5

8 avril 2012

861)*

saru hiki no saru to yo o furu aki no tsuki

le maître du singe
le singe et sa vie frissonnent
sous la lune d’automne

(1684-1694. Automne. Ceci n’est pas un hokku mais un tsuke (« verset lié à un autre »). Le même verset est également utilisé dans le renga « Le Manteau de pluie du singe ».)

892)*
haremono ni yanagi no sawaru shinae kana

sur le bobo
le toucher du saule
se courbe

(Printemps 1694. Ceci est la version originelle du poème suivant, envoyé dans une lettre à Kyorai.)

893)* = 829)**
haremono ni sawaru yanagi no shinae kana

sur le bobo
le saule se penche
pour le toucher

(Printemps 1694. Là encore la question est de savoir si cela se produisit ainsi, ou si le verset use d’une comparaison.)

900)*
nehan e ya shiwade awasuru juzu no oto

le jour de la mort du Bouddha
des mains ridées rejoignent
le son des perles de prière

(Printemps 1694. La mort du Bouddha est célébrée le 15 février. Les deux dernières « lignes » ont différents sens possibles. Les mains de la personne sont jointes en prière, ou des mains ridées se joignent à d’autres mains ridées, ou, troisièmement, toutes le mains se joignent avec le claquement des perles de prière décomptées.)

(901)* = 917)**
kanbutsu ya shiwade awasuru juzu no oto

anniversaire de la naissance du Bouddha
des mains ridées s’unissent
au bruit des perles de prière

(Printemps 1694. On dit que Bashô écrivit cette deuxième version parce qu’il trouvait le jour de la mort du Bouddha trop triste. La signification littérale de kanbutsu est kam (« verser ») et butsu (« Bouddha »). Le huit avril, il était coutumier de verser un thé fait de fleurs d’hortensia sur les statues du Bouddha pour célébrer son anniversaire.)

(926)* = 842)**
mugi no ho o tayori ni tsukamu wakare kana

épis d’orge
dépendant de leur prise
lors des adieux

(Été 1694. Cette version du poème apparut dans trois publications.)

927)*
mugi no ho o chikara ni tsukamu wakare kana

épis d’orge
cherchant du soutien
lors des adieux

(Été 1694. L’idée de ces deux poèmes est la même, mais on peut voir que la révision donne un sens légèrement meilleur. Bashô était déjà passablement malade et affaibli.)

935)*
suzushisa no sashizu ni miyuru sumai kana

la fraîcheur
apparaît dans les plans
de cette maison

(Été 1694. Cette version du poème fut manuscrite.)

936)* = 852)**
(Yasui projetait de se construire une maison pour sa retraite.)

suzushisa o Hida no takumi ga sashizu kana

pour la fraîcheur
ce charpentier de Hida a
les plans de la maison

(Été 1694. La région de Hida, au nord de la Préfecture de Gifu, était renommée pour ses charpentiers. Ceci est la version publiée du poème.)

952)*
kiyotaki ya nami ni chiri naki natsu no tsuki

cascade claire
une lune d’été sur les vagues
mais pas de poussière

(Été 1694. Bashô se sert encore d’un jeu de mots sur le mot kiyotaki (« cascade claire ») . Ce verset s’articule sur l’idée que le clair de lune tombe en cascade comme l’eau dans le courant, et que tous deux échappent aux grains de poussière.)

953)*
Ôi-gawa nami ni chiri naki natsu no tsuki

La rivière Ôi
pas de poussière sur les vagues
seule une lune d’été

(Été 1694. Un autre essai avec le même poème. Selon Kenkichi Yamamoto, la raison pour laquelle cette version emploie la rivière Ôi au lieu de la rivière Kiyo (« claire ») est d’éviter le double emploi de « claire » et de « nul grain de poussière ».)

1012)* = 858)**
kiyotaki ya nami ni chiri komu ao matsuba

cascade claire
répandues sur les vagues
des aiguilles de pin vertes

(Automne 1694. Bashô considéra ceci comme une révision du verset composé en juin de cette même année ( : cf : 952)*) parce que ça le gênait que les deux « lignes » « claire cascade » et «pas de poussière sur les vagues » forment une redite. Ce verset fut gravé sur une pierre, qui fut, le 12 juillet 1971, posée à la confluence des rivières Ôi et Kiyotaki.)

973)*
tanabata ya aki o sadamuru hajime no yo

Festival des Étoiles
L’automne s’est installé
la première des nuits

(Été 1694)

974)* = 876)**
tanabata ya aki o sadamuru yo no hajime

Fête des Étoiles
l’automne s’est installé
la première nuit

(Été 1694. La Fête des Étoiles, qui a lieu le 7ème jour du 7ème mois, était un pique-nique de soirée très populaire. On ne pouvait voir les étoiles que si l’air frais et clair de l’automne arrivait un peu à l’avance.)

984)*
kazairo ya shidoro ni ue shi niwa no hagi

la couleur du vent
planté sans art dans un jardin
lespédèze

(Automne 1691. Il existe trois versions de cette strophe. Celle-ci fut publiée dans le livre de Ensui : Sanzôshi.)

985)*
kazairo ya shidoro ni ue shi niwa no aki

la couleur du vent
planté sans art
dans un jardin d’automne

(Automne 1694. Ici le dernier mot de « lespédèze » est changé en « automne ».

986)*
kazairo ya shidoro ni ue shi niwa no ogi

la couleur du vent
planté sans art
dans un jardin de roseaux

(Automne 1694. C’est la troisième version de la strophe. Le dernier mot seul est changé. Le processus de révision montre combien il importait à Bashô de trouver la meilleure image.)

1005)*
hito goe ya kono michi kaeru aki no kure

voix humaines
revenant sur cette route
le départ de l’automne

(Automne 1694. L’expression aki no kure peut se traduire par « un soir en automne » ou « la fin de l’automne » ou par « passage de l’automne » ou par « départ ». Bashô joue avec l’idée de traiter de la même manière des idées abstraites et la réalité.)

°°°

Fin de l’étude comparative entre l’ « intégrale » des haïkaï de Bashô par Jane Reichhold dans Bashô, The Complete Haiku (Kodansha Int., 2008) et par M. Kemmoku et D. Chipot, dans Bashô, Seigneur ermite (La Table ronde, 2012).

°

* numéros des haikai dans l’ordre du Basho The Complete Haiku de J. Reichhold.

** n°s des haïkus dans l’ordre de l’ouvrage de Kemmoku et Chipot : Bashô, Seigneur ermite, La Table ronde, 2012.

°°°

Bashô ++ Une étude comparative – 4/5

1 avril 2012

669)*
tsuki shiro ya hiza ni te o oku yoi no hodo

lever de lune
leurs mains dans leur giron
autour du soir

(Automne 1690. Tsuki shiro (« lune pâlissante ») se réfère à la lueur du ciel nocturne juste avant que la lune ne se lève.)

670)*
tsuki shiro ya hiza ni te o oku yoi no uchi

lever de lune
leurs mains sur leurs genoux
à l’intérieur le soir

(Automne 1690. On peut traduire hiza ni par « sur les genoux » ou « dans le giron ».

671)* = 638)**
(Chez Masahide pour la première séance de renga)

tsuki shiro ya hiza ni te o oku yoi no yado

lever de lune
tenant leurs mains sur leurs genoux
soir dans une maison

(Automne 1690. Bashô compare les poètes qui attendent que la séance débute au ciel nocturne qui s’éclaircit. Ceci est la version utilisée dans le renga.)

679)*
kusa no to o shire ya hotade ni tôgarashi

le portail d’herbes,
reconnaissez-le grâce aux renouées,
aux poivrons rouges

(Automne 1690. Les termes « portail d’herbe » ou « porte » signifient qu’il s’agit d’une hutte simple ou d’un cottage avec une porte faite d’herbes ou de paille liées. Le fait que chaque « ligne » du poème contienne une plante suggère que Bashô est en harmonie avec cet élément. La maison est entourée de renouées (Polygonum), épice forte, et de poivrons rouges. Ceci indique que Bashô est très « relevé », « chaud ». )

682)*
(À Takada)

byôgan no yosamu ni ochite tabine kana

une oie malade
tombée dans le froid de la nuit
sommeil durant un voyage

(Automne 1690. Le poème s’intitule « À Takada » parce qu’ « une oie sauvage tombant à Takada » était une des Huit Célèbres Scènes d’Ômi, désignées ainsi par Kanpaku Konoe Masaie (1443-1505). Bashô avait pris froid et était tombé malade.)

713)*
bushôsa ya dakiokosaruru haru no ame

paresse
aidé hors du lit
par la pluie de printemps

(Printemps 1691. Ce verset, on suppose qu’il fut écrit chez le frère de Bashô, à Iga-Ueno. Il se pourrait que Bashô ait été si faible que son frère ait dû le porter hors de son lit.)

714)* = 673)**
bushôsa ya kakiokosareshi haru no ame

paresse
réveillé en surprise
par la pluie de printemps

(Printemps 1691. Ceci est la révision du poème précédent.)

727)*
natsu no yo ya kodama ni akuru geta no oto

nuit d’été
l’esprit de l’arbre perdure dans
le bruit des socques de bois

(Été 1691.)

791)*
hafuguchi ni hikage ya yowaru yû suzumi

sur le pignon
la lumière du soleil faiblit
fraîcheur du soir

(Été 1692.)

798)*
(Un peu plus loin que la rivière Fuka, nous avons arrêté notre bateau aux Cinq Pins.)

kawa kami to kono kawa shimo ya tsuki no tomo

En amont et
en aval, voici des amis
pour contempler de la lune

(Automne 1692. Le village des Cinq Pins se situait sur le canal de la rivière Onagi, qui raccorde la rivière Sumida à l’ouest avec la rivière Naka à l’est. Ce à quoi se réfère Bashô par « en amont » et « en aval » c’était les deux rivières à la droite et à la gauche de cet emplacement. Quelques érudits pensent que la référence concerne des poètes tels que Sodô et Senna.)

799)*
yuku mo mata sue tanomoshi ya ao mikan

départ
mais aussi un futur prometteur
mandarine verte

(Automne 1692. Bashô offrit ce verset à son disciple Otokuni en cadeau d’adieu. Le vert de l’agrume était différent des bruns et ocres de l’automne. Sa verdeur promet la maturité dorée du fruit à l’hiver. Bashô semble dire qu’il avait de grands espoirs que cet écrivain, encore vert, mûrisse pour devenir un poète brillant, doré.

800)* = 760)**
yuku aki no nao tanomoshi ya ao mikan

l’automne s’en va
d’autant plus prometteur
mandarine verte

(Automne 1692. Techniquement, mikan (Citrus reticulata) est la mandarine commune.)

(826)* = 783)**
hototogisu koe yokotau ya mizu no ue

coucou
sa voix repose
sur l’eau

(Printemps 1693. Selon la lettre de Bashô à son élève Miyazaki Keikô, d’ôgaki, datée du 29 avril, ce poème a un lien avec « Un poème de Chi Bi », composé en 1082 par Su Tung Po (1036-1011). Le poème chinois dit : « La lune s’est levée sur la montagne de l’est / Elle plane au-dessus des étoiles / Le brouillard stagne au-dessus de la rivière / La clarté des eaux rejoint les cieux. »))

827)*
hito koe no e ni yokotau ya hototogisu

un cri
repose sur l’île
celui du coucou

(Été 1693. Bashô semblait hésiter quant à sa préférence entre ces deux poèmes ( : celui-ci et le précédent.) Il y a également une troisième version identique à la première ( : 826)* = 783)**) qui utilise cependant différents idéogrammes. Trois des disciples de Bashô préféraient la version précédente, et seul Kyoriku s’en démarquait vigoureusement en admirant cette version-ci.)

828)*
shii no hana no kokoro ni mo niyo kiso no tabi

soyez aussi comme
le cœur de la fleur de castanopsis
lors de votre voyage à Kiso

(Été 1693. Le shii est le Castanopsis cuspidata, proche des châtaigniers (« chinquapin ») et du chêne-tan. Ses feuilles sont d’un cuir vert-doré, et ses minuscules fleurs jaunes sont à peine visibles. Bashô écrivit ceci pour son disciple Kyoriku, qui partait pour un voyage dans les montagnes du centre.)

(833)* = 789)**
kodomora yo hirugao sakinu uri mukan

enfants,
le liseron fleurit
pelons un melon !

(Été 1693. Le uri (Cucumis melo) est le « melon musqué » ou « cantaloup ». Le hirugao (« face de midi », Calystegia japonica) est appelé le « liseron »japonais. Ces trois plantes contiennent toutes le nom de « visage » : asagao (« visage du matin » ou « gloire du matin »), hirugao (« face de midi » ou « liseron») ; yûgao (« calebasse », « fleur de lune » ou « visage du soir ».))

834)*
iza kodomo hirugao sakaba uri mukan

hé, les enfants,
si le liseron fleurit,
pelons un melon !

(Été 1693. C’est une autre forme du poème précédent.)

* numéros des haikai dans l’ordre du Basho The Complete Haiku de J. Reichhold.

** n°s des haïkus dans l’ordre de l’ouvrage de Kemmoku et Chipot : Bashô, Seigneur ermite, La Table ronde, 2012.

°

(Suite et fin :
861* ; 892* ; 900* ; 927* ; 935* ; 952* ; 953* ; 973/4* ; 984/5/6* ; 1005*.)

°

Bashô ++ : une étude comparative… 3)

28 mars 2012

°

541)* (= 516)**)
arigata ya yuki o kaorasu minami dani

admirable
la neige donne son parfum
à la vallée du sud

(Été 1689. Ce verset était le verset initial d’un renga lors d’une séance dont l’hôte était le prêtre Ekaku, au temple Nyakuôin. Minami (« temple du sud ») est situé sur les pentes du mont Haguro (« plume noire »). ONH#24)

542)*
arigata ya yuki o kaorasu kaze no oto

admirable
donnant du parfum à la neige
le bruit du vent

(Été 1689. Ce verset est une autre version du précédent.)

543)*
arigata ya yuki o megurasu kaze no oto

admirable
faisant tourner la neige
le bruit du vent

(Été 1689. Ceci est la troisième version du même.)

551)* (= 524)**)
kisagata ya ame ni seishi ga nebu no hana

le mûrier à soie de Kisagata
est une beauté chinoise sous la pluie
une fleur endormie

(Été 1689. Référence à Seishi, Xi Shi, beauté chinoise du Vè siècle, donnée comme concubine au roi Fu Cha. Selon la légende, le roi l’aimait tant qu’il en négligea ses devoirs et perdit son royaume. Jeu de mots avec nebu (« dormir »), qui sonne comme nemu (« soie », « mimosa », ou « arbre parasol », l’Albizzia julibrissin, dont les feuilles se replient, comme s’il dormait, la nuit, ou si on les touche.)

552)*
kisagata no ame ya seishi ga nebu no hana

la pluie de Kisagata
avec la beauté chinoise endormie
un mûrier à soie en fleur

(Été 1689. Ceci est une variante du poème précédent.)

571)* (= 542)**)
muzan ya na kabuto no shita no kirigirisu

quelle pitié !
sous le casque de guerre
un grillon

(Automne 1689. Quand Bashô visita le sanctuaire de Tado, il vit un casque de Saitô Sanemore (1110-83), qui, à 73 ans, voulant paraître assez jeune pour combattre, avait teint ses cheveux blancs en noir. On s’aperçut de sa ruse seulement après sa décapitation. Les puristes prétendent que Bashô vit un vrai grillon sous le casque, au musée. Le kirigirisu du temps de Bashô était le « grillon » ou kôrogi actuel. Le kirigirisu est de nos jours la « sauterelle » ou « katydid ». Ces deux sortes d’insectes produisent le grésillement caractéristique des nuits automnales. Cette version est celle que Bashô présenta au temple. ONH#40.)

572)*
ana muzan ya kabuto no shita no kirigirisu

comme c’est cruel, hélas !
sous le casque de guerrier
un grillon

(Automne 1689. Ceci est la « ligne » originelle précédent de Bashô.C’était une version réduite de ana muzan ya na, citation du Dit des Heike (Heike Monogatari), écrit vers 1240.)

578)*
yu no nagori iku tabi miru ya kiri no moto

ratant les sources chaudes
comme je regarde souvent en arrière
leur brume

(1689 – saisons mixtes. Ce verset ne fut pas inclus dans Oku no Hosomichi. Bashô avait l’occasion d’inclure le verset comme « lien d’amour », selon le déroulement du renga, mais il y préféra la rencontre avec les prostituées, vrai, ou non.)

608)*
(Restant deux nuits au temple Daichiin de Nagashima, dans la province d’Ise.)

uki ware o sabishi gara seyo aki no tera

fatigué
je recherche la solitude
dans un temple en automne

(Automne 1689. Le prêtre de ce temple était l’oncle de Sora.)

617)*
byôbu ni wa yama o egaite fuyu-gomori

un paravent
avec la peinture d’une montagne
retiré en hiver

(Hiver 1689. Bien que ce ne soit pas confirmé, une notice existe dans Shô Ô Zenden qui dit que Bashô composa ce verset dans la maison de Heichû, habitant d’Iga.)

620)*
(Jouant avec des enfants dans les montagnes.)

hatsu yuki ni usagi no kawa no hige tsukure

Première chute de neige
se servant d’une peau de lapin
pour faire une barbe

(Hiver 1689. Référence aux montagnes entourant Ueno, ville natale de Bashô.)

647)*
tsuma koute nezasa kazuku ya …

femme (lui) manquant
mettant des herbes de bambou

(: inachevé)

(1690. saisons mixtes. Écrit sur la même feuille que deux autres poèmes : 637)* (= 612)**) et 645)* (= 624)**), mais il y manque la dernière « ligne ».)

666)*
meigetsu ya chigo tachi narabu dô no en

pleine lune
les acolytes sont alignés
sur la véranda du temple

(Automne 1690. À cette époque Bashô vivait dans une maison juste derrière le temple. Les acolytes étaient les jeunes pages qui servaient les moines.)

667)*
meigetsu ya umi ni mukaeba nana komachi

pleine lune
l’océan accueille
sept Komachi

(Automne 1690. Référence faite à la poétesse de waka et beauté Ono no Komachi, qui vécut aux alentours de 850. Sa vie légendaire forma la base d’une pièce de Nô célèbre, qui décrivait sa transition entre une jeune beauté, une poétesse célèbre et une vieille nonne hideuse vivant cloîtrée.)

(Var. de 637)** : meigetsu ya za ni utsukishiki kao mo nashi :
668)*

(Admirant la lune dans un vieux temple)

tsukimi suru za ni utsukushiki kao mo nashi

Admiration de la lune
Pas de fête sans
un joli visage

(Automne 1690.))

* numéros des haikai dans l’ordre du Basho The Complete Haiku de J. Reichhold.

** n°s des haïkus dans l’ordre de l’ouvrage de Kemmoku et Chipot : Bashô, Seigneur ermite, La Table ronde, 2012.

(à suivre : 669)* …)

Bashô ++ Une étude comparative… – 2)

26 mars 2012

II)

Versets de Bashô non contenus dans « L’intégrale des haïkus » de Bashô Seigneur ermite
, éd. La table ronde, 2012…) :

53)*
kumo to hedatsu tomo ka ya kari no ikiwakare

séparé(e)s par les nuages
l’oie sauvage vit un certain temps à l’écart
de son ami(e)

(Automne 1672. On présume que Bashô se réfère ici à son ami Magodayû, qui vivait à Iga. Le mot kari signifie soit « oie sauvage » soit « temporaire(ment) ».)

237)*
shoshun mazu saké ni ume uru nioi kana

printemps très jeune
vendant du vin de fleur de prunier
l’arôme

(Printemps 1685. Ce brasseur de saké non désigné organisa une séance de renga. Il y a ici une énigme non exprimée : qui vend le « vin » : l’arôme ou la saison des fleurs de pruniers ?)

257)*
torisashi mo kas aya sute ken hototogisu

l’oiseleur jeta
probablement aussi son chapeau –
un coucou

(Été 1685. Bashô écrivit ce verset sur un éventail comportant l’image d’un oiseleur. Ce verset pourrait indiquer que Bashô était fatigué de voyager.)

335)*
iragozaki niru mono mo nashi taka no koe

Le Cap Irago
rien ne lui ressemble mieux
que la voix du faucon

(Hiver 1687. Le Cap Irago se situe à la pointe de la péninsule d’Atsumi. Il était réputé pour sa beauté scénique et était depuis longtemps associé aux faucons.)

348)*
iza yuka n yuki mi ni korobu tokoro made

Allons donc,
pour contempler la neige nous tomberons
jusqu’à y arriver

(Hiver 1687. Ceci est une autre version du verset précédent (347 – publié dans Hanatsumi)* (correspondant au n°332 de K.+C.**). Publié dans le Carnet du havresac. (Le 3 décembre 1687, chez Yûdô, un libraire de Nagoya, eut lieu une réunion pour admirer la neige. ))

386)*
ite toke te fude ni kumihosu shimizu kana

entièrement fondue
le pinceau aspire l’eau
de la source

(Printemps 1688. On considère que c’est une réécriture du verset 349)* ( : K.C.336). Bashô repensa probablement sa version plus ancienne après la lecture du célèbre waka de Saigyô : « s’égouttant / sur les rochers moussus / de l’eau claire de printemps / insuffisamment / pour cette vie d’ermite ». Dans ce poème, au lieu de la glace libérant assez d’eau pour mouiller un pinceau, la source est si petite qu’y mettre le pinceau l’assèche.)

399)*
(Le lotus est princesse parmi les fleurs. La pivoine arbustive est supposée être la riche noble(sse) des fleurs. Une pousse de riz sort de l’eau boueuse, mais elle est plus pure que le lotus. En automne elle porte du riz odorant, de sorte que cette plante a le mérite des deux : elle est pure et procure de la richesse.)

sato-bito wa ine ni uta yomu miyako kana

les villageois
composant des chants au riz
comme dans la capitale

(Printemps 1688. Certains pensent que Bashô dit que les chants des villageois sont les plantations de riz dont ils s’occupent.)

410)*
tanoshisa ya aota ni suzumu mizu no oto

un délice
se rafraîchissant dans une rizière
le bruit de l’eau

(été 1688. L’idée pourrait être que le bruit de l’eau jouit de la fraîcheur de la rizière ou que la personne se délecte d’une telle fraîcheur.)

449)*
okura re tsu wakare tsu hate wa kiso no aki

Se faire nos adieux
et enfin se séparer
automne à Kiso

(Automne 1688. Cette version du verset (suivant) parut dans le Journal de Sarashina.)

450)* = 424)**
okura re tsu okuri tsu hate wa kiso no aki

On lui dit au-revoir
et finalement il dit au-revoir
l’automne à Kiso

(Automne 1688. Cette version est parue dans Arano, un des trois volumes de hokku et renga compilés par Kakei en 1689, sous la supervision de Bashô. Une version contient l’idée d’être séparés et l’autre de (r)envoyer. L’idée ici est que les amis de Bashô lui dirent au-revoir, et qu’il dit au-revoir à l’automne dans la ville de Kiso.)

491)*
omoshiro ya kotoshi no haru mo tabi no sora

comme c’est tentant
au printemps de cette année
de nouveau en voyage

(Printemps 1689. Selon Kyorai, Bashô lui envoya ce poème dans une lettre pour l’informer du voyage planifié. La dernière « ligne » : tabi no sora (« cieux du voyage »), peut induire que le compagnon de voyage de Bashô était Sora, dont le nom signifie « ciel ».)

499)*
iri kakaru hi mo itoyu no nagori kana

le soleil couchant
un filet de brume de chaleur
qui subsiste

(Été 1689. Par un jour chaud, la lumière miroite sur la campagne à cause des courants d’air qui s’élèvent. Quand le soleil descend dans le ciel, il semble pénétrer ce miroitement et son image de chaleur intense pénètre la chaleur de la terre.)

521)*
kakurega ya medatanu hana o noki no kuri

cachette
des fleurs invisibles sur le châtaignier
près de l’auvent

(Été 1689. Les fleurs et la maison étaient cachées à la vue. Sora écrivit dans son journal que celle-ci était la version originelle du poème précédent (520)* = 497)**. La version originelle fut utilisée pour commencer le renga achevé, mais Bashô choisit la version révisée pour son livre.)

536)*
yamadera ya iwa ni shimitsuku semi no koe

temple de montagne
colorant profondément le rocher
la voix de la cigale

(Été 1689. On considère que ce verset est une variante du poème précédent (535)* = 512)**.)

537)*
sabishisa ya iwa ni shimikomu semi no koe

solitude
s’infiltrant dans la roche
la voix de la cigale

(Été 1689. Ce verset est encore une autre variante du même.)

Note sur le 535)* (= 512)**) :
shisukasa ya iwa ni shimi iru semi no koe

quelle quiétude
perçant le rocher
la voix d’une cigale

(Été 1689. Beaucoup d’érudits ont trouvé ce verset problématique parce qu’ils pensent que ni le silence ni un bruit perçant ne peuvent émaner d’un rocher. Cependant le verset est admiré parce qu’il s’articule sur la sensation plus que sur l’intellect. ONH#22.)

(À suivre :
541/2/3* ; 551/2* ; 571/2* ; 578* ; 608* ; 617* ; 620* ; 647* ; 666* ; 667* ; 668* ; 669/670/671* ; 679* ; 682* ; 713/4* ; 727* ; 791* ; 798* ; 799* ; 827* ; 828* ; 834* ; 861* ; 892* ; 900* ; 927* ; 935* ; 952* ; 953* ; 973/4* ; 984/5/6* ; 1005*.)

* numéros des haikai dans l’ordre du Basho The Complete Haiku de J. Reichhold.

** n°s des haïkus dans l’ordre de l’ouvrage de Kemmoku et Chipot : Bashô, Seigneur ermite, La Table ronde, 2012.

Bashô ++ : une étude comparative de ‘Bashô Seigneur ermite’ de M. Kemmoku et D. Chipot, éd. La Table ronde…

25 mars 2012

Bashô ++

I)

Le chapitre « Époque de Genroku » (pp. 350-362), de l’anthologie Bashô, Seigneur ermite, de M. Kemmoku et D. Chipot, éd. La Table ronde, 2012, pourrait contenir les haikai suivants (placés dans leur chapitre « Haïkus dont les dates sont inconnues » (pp. 363-373)) :

945) kono tsuchi no // Ce maillet //
947) matoudona // Un chat en chaleur
948) ha ni somuku // Opposées aux feuilles //
949) saki-midasu // En pleine floraison //
950) nara nanae // Sept temples //
951) saigyô no // L’ermitage de Saïgyô //
953) chô tori no // Oiseaux et papillons //
954) yo ni sakaru // Même en pleine floraison de cerisier //
957) matsu-kaze no // Vent dans les pins – //
959) nadeshiko ni // Sur les œillets //
960) waga yado wa // À mon ermitage //
963) hi ni kakaru // Le soleil couvert de nuages, //
964) asana asana // Tous les matins //
965) mono ieba // Quand on dit quelque chose //
967) nani kûte // Que mangent ces pauvres gens //
968) ka o nokosu // L’odeur de fleur d’orchidée //
969) kono tera wa // À ce temple //
970) musashino ya // La plaine Musashinô – //
974) kogarashi ya // Le vent sec et froid d’hiver //
et
975) setsukarete // Supplié //

, qui furent écrits entre 1684 et 1694, si j’en crois Jane Reichhold, d’après son ouvrage : BASHO, The Complete Haiku, Kodansha Int., 2008.

De l’été 1683 date(rai)ent également les :
956) hototogisu // Coucou – //
958) shira-geshi ya // Ces fleurs de pavot //,

du printemps 1684 :
946) nori-jiru no // Dans le bol décoré et laqué //,

de l’automne 1686 :
962) zatô kato // « Est-il aveugle ?» //,

et de l’automne 1688 les :
971) aki o hete // Passant l’automne //
et
972) yuki aki ya // Fin d’automne – //,

également placés dans l’ouvrage de M. Kemmoku et D. Chipot dans le chapitre « Haïkus dont les dates sont inconnues ».

(à suivre :

II)

Versets de Bashô non contenus dans « L’intégrale des haïkus » de Bashô Seigneur ermite, éd. La table ronde, 2012…)

par D.P.