Posts Tagged ‘anon.’

60 HAIKU d’automne – Blyth – p.1056-1078

6 juin 2011

°
(p.1056 :)

au cri de la grue,
le bananier va sûrement
se déchirer !

Bashô

les rayons du soleil couchant
passent à travers le bosquet de pins rouges ;
une pie-grièche crie

Bonchô

°
(p.1057 :)

maintenant que les yeux des faucons
se sont obscurcis dans le soir,
les cailles carcaillent

Bashô



ah, cette demeure !
souvent le pivert
en piquera les piliers !

Bashô

°
(p.1058 :)

au fin fond de la forêt
le pivert
et le bruit de la hache

Buson

le pivert
reste au même endroit :
fin du jour

Issa

oiseaux de passage,
pour moi aussi maintenant,
ma vieille maison
n’est qu’un logis pour la nuit !

Kyorai

°
(p.1059 :)

la bécassine s’éloigne –
les ridules
de la houe qu’on lave

Buson

les chardonnerets sifflent
sur la haute berge ;
de petits nuages flottent par-dessus

Chinseki

les sons de petits oiseaux
sur le toit incliné :
quel plaisir !

Buson

°
(p.1060 :)

la libellule rouge
décide
du début de l’automne

Shirao

elle a teint son corps
d’automne,
la libellule !

Bakusui

fils éphémères
de gaze cramoisie :
les libellules !

Gotei

°
(p.1061 :)

sous la lune d’automne
les ailes de la libellule
sont immobiles

Môen

°
(p.1062 :)

la libellule
a tenté en vain de se poser
sur une tige d’herbe

Bashô

libellules
sur les pointes de la barrière,
dans les rayons déclinants du soleil

Buson

sur le bambou
qui marque l’endroit de la mort d’un homme,
une libellule

Kitô

°
(p.1063 :)

autour des cordages du bateau
les libellules vont et viennent
sans cesse

Taisô

vieilles tombes ;
des libellules rouges volettent
sur les anis desséchés

(auteur inconnu)

quelle beauté !
les anis
fleuris sous la pluie

Buson

libellules
dans un village sans histoire
à midi

Kyoshi

au soleil du soir
l’ombre légère des ailes
de la libellule

Karô

°
(p.1064 :)

entre la lune qui se lève
et le soleil qui se couche,
les rouges libellules

Nikyû

la libellule
s’accroche au mur ;
soleil de l’ouest

Senka

la danse des libellules :
tout un monde
dans le soleil couchant

Kigiku

°
(p.1065 :)

la libellule
se penche vers l’eau –
soleil du soir envahissant

Kempû

°
(p.1066 :)

la libellule :
cinq ou six pieds au-dessus,
c’est son ciel !

Ryôta

la libellule,
rapide vers la montagne lointaine,
rapide à revenir !

Akinobô



la libellule
perchée sur le bâton
pour la frapper !

Kôhyô

la libellule,
n’approchant pas des fleurs,
mais sur la pierre !

Kôjôdô

°
(p.1067 :)

la libellule
goûte à quelque chose
en haut de ce pieu

Eiboku

le visage de la libellule
n’est pratiquement rien d’autre
qu’yeux !

Chisoku

sois un bon garçon,
et surveille bien la maison,
ô grillon !

Issa

le roitelet
regardant de-ci de-là :
« perdu quelque chose ? »

Issa

°
(p.1068 :)

quelle pitié !
sous le casque
chante un grillon

Bashô

sauterelle,
ne piétine pas
les perles de rosée claire !

Issa

°
(p.1069 :)

dans la cabane du pêcheur,
au milieu de crevettes séchées,
des grillons chantent

Bashô

Je sors maintenant ;
soyez sages et jouez ensemble,
grillons !

Issa

ma hutte, la nuit ;
le grillon
farfouille

Issa

°
(p.1070 :)

un grillon monte
le long de la crémaillère
quelle nuit froide !

Buson

je vais me retourner ;
méfie-toi,
grillon !

Issa

mon ombre pénètre dans le mur
cette nuit d’automne,
un grillon chante

Ryôta

°
(p.1071 :)

les moustiques d’automnes
me piquent,
prêts à mourir

Shiki

mourant,
et d’autant plus bruyantes,
les cigales de l’automne

Shiki

°
(p.1072 :)

de quelle voix,
et quelle chanson chanterais-tu, araignée,
dans cette brise d’automne ?

Bashô

le « cerf-de-rivière » * chante :
dans ma manche,
mon bon vieux briquet

Buson

* kajika, une sorte de petite grenouille noire.

incité par le bruit de la rivière,
le « cerf-de-rivière »
se met à chanter

Ryôto

°
(p.1073 :)

claire lune d’automne :
dans l’ombre,
des voix d’insectes

Bunson

me réveillant la nuit,
ma toux se mélange
au bruit des insectes

Jôsô

regardant fixement
mon ombre –
la voix des insectes

Shiki

ah, insectes, insectes,
vos cris vous libèrent-ils
de votre karma ?

Otokuni

°
(p.1074 :)

la couche nocturne du mendiant
est vivante et joyeuse
de la voix des insectes !

Chiyo-ni

la couleur-son
des insectes tombant
sur les feuilles

Chora

°
(p.1075 :)

nous écoutons
insectes
et humains
d’une oreille différente

Wafû

même chez les insectes
certains chantent bien,
d’autres pas

Issa

°
(p.1076 :)

la voix des chenilles masquées :
venez dans ma cabane
et écoutez-les chanter !

Bashô

°
(p.1077 :)

des insectes crient ;
un trou dans le mur,
pas vu hier !

Issa

des insectes chantent ;
la lune se lève,
le jardin s’assombrit encore

Shiki

°
(p.1078 :)

le vieux chien
semble impressionné par le chant
des vers de terre *

Issa

* dans le Japon ancien, on pensait que les vers de terre chantaient. On dit que ce fut par confusion avec la voix de la courtilière (« grillon souterrain »).

il fait plus froid ;
le chant du ver-de-terre aussi
s’affaiblit chaque soir

Issa

°
(p.1079-1130 : à suivre : ARBRES ET FLEURS)

11 HAIKU d’été – Blyth – p.774-777

13 mai 2011

°
(p.774 :)

kore de koso . on hototogisu . matsu ni tsuki

Issa

la lune dans le pin
avec le coucou,
ah, quelle merveille !

hototogisu . hitsugi wo tsukamu . kumoma yori

Buson

un coucou
attaquant le cercueil
d’entre les nuages

ware nare wo . matsu koto hisashi . hototogisu

Issa

Si longtemps
je t’ai attendu,
ô, hototogisu !

°
(p.775 :)

ika-uri no koe . magirawashi . hototogisu

Bashô

la voix du vendeur de seiches
se mêle à celle
du coucou

hashitanaki . nyôju no kusame ya . hototogisu

Buson

l’éternuement vulgaire
d’une servante du palais –
le coucou chanta

hototogisu . uta yomu yûjo . kikoyu nari

Buson

tandis qu’un(e) courtisan(e)
composait un waka,
le coucou !

°
(p.776 :)

hototogisu . naku ya kosui no . sasa nigori

Jôsô

un coucou chante ;
les eaux du lac
sont légèrement boueuses



hototogisu . kyô ni kagirite . dare no nashi

Shôhaku

un coucou appelle,
mais aujourd’hui, seulement aujourd’hui
il n’y a personne

°
(p.777 :)

kyô nite mo . kyô natsukashi ya . hototogisu

Bashô

je suis à Kyôto,
mais à la voix du coucou,
je me languis de Kyôto

sono ato wa . meido de kikan . hototogisu

(anonyme)

ah, hototogisu,
j’entendrai la fin de ta chanson
dans l’au-delà

kyôdai ga . kao miawasu ya . hototogisu

Kyorai

un coucou appela ;
les deux frères se tournèrent
pour se regarder

°
(p.778- : à suivre…)