Il n’est pas facile de trouver des poètes à qui Shinkichi avait donné son approbation inconditionnelle, dans ses essais critiques, mais les deux qui s’en approchèrent le plus sont Bashô et Shiki. La raison principale, bien sûr, est leur connexion avec le Zen. Shinkichi admirait beaucoup les haïkus de Bashô, disant qu’ils incarnaient « l’âme la plus pure des Japonais. » Selon lui, Bashô put devenir un grand poète grâce à sa pratique du Zen avec le prêtre Butchô (1642-1715), dans sa jeunesse. « Bashô saisit le Zen avec l’aide de Butchô », observa Shinkichi. « Si l’on ne considère pas ce fait, aucune discussion sur les haïkus de Bashô ne peut avoir de valeur. »
L’essai de Shinchiki de relier Shiki au Zen fut plus frappant, parce qu’aucun autre érudit ne l’avait fait. Shiki lui-même écrivit des poèmes qui semblent pointer vers l’athéisme. Mais selon Shinkichi, Shiki apprit le Zen d’Armada Guan (1854-1904), un prêtre, auteur du populaire « Journal d’un pèlerin » (« Diary of a Pilgrim »). « Parce qu’il souffrait de mauvaise santé chronique, il n’apparaît pas qu’il ait pratiqué la méditation Zen », écrivit Shinchiki à propos de Shiki, » mais il est impossible de penser qu’un esprit aussi sensible que le sien ne fut pas inspiré quand il fut mis en présence du Zen. Je crois que la base de la pensée de Shiki n’était finalement rien d’autre que le Zen , la sorte de Zen qui remonte, à travers Guan jusqu’à Tekisui (1822-99), Gizan (1802-78) et Hakuin (1685-1768), tous prêtres japonais renommés, de l’école Rinzai du Zen.
Au XVII° siècle, le haïku devint associé au Zen. Le maître le plus admiré du haïku, Bashô, pratiqua le Zen dans sa jeunesse et l’incorpora dans sa poésie et sa poétique. Pour beaucoup de poètes qui suivirent, écrire des haïkus était une discipline spirituelle non dissemblable du Zen. Les haïkus, à leur tour, furent considérés comme une forme littéraire capable de suggérer l’essence du Zen.
(à suivre…)
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