(p. 84)
TAKAMASA (? – ?) :
un rat monte sur l’autel bouddhique
sa tête ornée
de fleurs de chrysanthèmes
–
Charmant à l’oeil,
les lucioles voletant
comme ballot de paille qui se disperse
–
SHÔI :
Cassé par la neige
le châssis d’un parapluie de bambou
révèle sa forme originelle
–
Rassemblées,
elles redeviennent la lune,
les gouttes de rosée sur les feuilles de taro
°
TSUNEMORI (mort en 1682) :
La cloche du temple sonne
l’amertume du serpent,
ce soir fleuri
–
Dans le soir d’été
la fumée aplatit
les colonnes de moustiques
°
SAIKAKU (1643-93), élève de Sôin :
Celui qui joue de la flûte de Pan
n’est pas ici – seules
les fleurs de lotus embaument
–
Sur la lande désolée,
au temps des épis de roseaux,
le peigne d’une jeune fille
–
Vivez-vous en ce monde ?
Alors écoutez le battoir
à la fin de l’an
–
Pluie d’été –
une lanterne suspendue sous un petit pont
au-dessus de la rivière Yodogawa
°
(p. 88)
FÛKO (1619-84), élève de Sôin.
–
Son fils : ROTEN (1654-1732), également élève de Sôin :
Dans la fleur de narcisse
il n’y a pas l’ombre
de l’ignominie humaine
–
YÛHEI (mort en 1710), élève de Sôin :
« Maiden flower »,
quelles chaussures gardes-tu
sur ce sol pierreux ?
–
RAIZAN (1654-1716). Etait presque toujours ivre.
A la mort de sa mère, il écrivit :
La lune d’aujourd’hui
n’est qu’obscurité
à mes yeux
–
A la mort de son fils unique :
Seulement un rêve de printemps !
Comme il est vexant
que je ne puisse pas devenir fou !
–
Les bains en plein air
se font moins fréquents –
la voix des insectes
(NB : L’été, peu à peu, fait place à l’automne.)
–
Tous deux
avec des favoris :
chats en chaleur
–
Les nouvelles fleurs d’érable
de nouveau au soleil
après l’averse passagère
–
vertes, les jeunes herbes
dans les champs de neige,
vertes, ô combien vertes !
–
(p. 92)
A ce point !
le shamisen sur les genoux,
qu’il était chaud !
–
Ne connaissant
pas encore le nom du Préfet !
Fin de l’année
(NB : Raizan fut réprimandé pour cela.)
–
Son jisei :
Je meurs simplement
parce que j’ai commis
le péché de naître
alors, je n’ai à me plaindre de rien,
d’absolument rien
°
SAIMARO (1656-1737), élève de Saimu, puis de Sôin et de Saikaku, et enfin de l’école de Bashô. (« Ses versets montrent souvent la faiblesse et la sentimentalité à laquelle était prédisposée l’école de Bashô. ») :
Le chaton
renifle
l’escargot
–
Suivant le cours d’eau
l’hirondelle vole
comme si elle ondoyait
–
Soufflant
tous les nuages blancs –
les arbres aux feuilles nouvelles
–
Soir de printemps –
les nuages sont tristes
une bannière y flotte
°
DANSUI (mort en 1711), élève de Saimaro. (Dansui admirait beaucoup Saikaku.) :
Les camélias tombent
plop, plop, l’un après l’autre
sous la lune voilée
–
GONSUI (1650-1722) Il étudia le haïku avec Shigeyori, puis le style Danrin, pour finir avec le style de Bashô. :
Le vent de l’hiver
prend fin
dans le rugissement de la mer
–
« Dans le style de l’école Danrin » :
L’arc de la nouvelle lune
est sans corde –
appel d’oies sauvages
–
Le brouillard matinal,
mais c’est un Chôjirô ! *
Il a avalé le mont Fuji
* « Chôjirô était un célèbre illusionniste de l’époque de Gonsui. On disait qu’il pouvait avaler des vaches et des chevaux. »
°
(A suivre : ONITSURA)
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