in : Modern Japanese Tanka, Columbia University Press, 1996, pp. 229-240.
(Extraits) :
Elle devint une porte-parole éloquente des « shinjinrui » ou « nouvelle espèce humaine », génération de Japonais qui ne montrent que peu d’intérêt pour les croyances traditionnelles, même envers l’institution traditionnelle du mariage.
Rejoignit la revue « Kokoro no hana »(« Fleurs du coeur ») en 1983. N’exerça son métier d’enseignante que pendant quatre ans, grâce au succès de son premier livre de tanka : Sarada kinenbi (L’Anniversaire de la salade) paru en 1987, qui devint immédiatement un best-seller, causant le « phénomène Tawara ». « Mon premier recueil de tanka fut pour moi, initialement, une averse venue du ciel, mais à un certain point, elle se changea en orage et faillit m’emporter », se rappela-t-elle. Son deuxième livre de tanka Kaze no tenohira (La Paume du vent) parut en 1991.
°°°
Extraits de L’Anniversaire de la salade :
–
regardant en l’air
vers la pluie qui tombe
soudain
j’ai envie d’être embrassée
dans cette position
–
la solitude
de la vie où un plus un
font toujours deux
me tombe dessus
ce jour de décembre
–
« jusqu’à l’âge de trente ans
je me baladerai »
tes mots
me font me demander quelle part
de ton paysage je forme
–
ce jour de mars
sans qu’une partie de mon coeur
n’attende le printemps
j’admire avec toi
un prunier à floraison tardive
–
la lettre
déborde d’amour
l’amour
qui est ce qu’il était
le jour du timbre
–
à partir du moment
où je finis d’écrire
et où je colle le timbre
le temps commence à couler
attendant une réponse
–
essayant de nettoyer
la poussière
de ce qu’elles ont vu
je rince mes lentilles de contact
aussi minutieusement que possible
–
fleurs de cerisier
fleurs de cerisier fleurs de cerisier
commencent de fleurir
finissent de fleurir, et le parc
comme si rien ne s’était produit
–
le jour
où j’oublie d’écouter
les prévisions météo du matin
je ne suis pas contrariée
s’il pleut ou fait soleil
°°°
Autres extraits :
–
mon coeur
désirant blanchir
un certain temps
sort voir un lis songeur
et lui tient compagnie
–
comme s’il voulait desserrer
toutes les chaînes le liant
à la société
il retire sa veste de costume
sa cravate, son pantalon, sa chemise blanche
–
la femme
qui a mis au monde ton enfant
porte un sourire sur son visage
sur ses sourcils, ses lèvres, etcetera
une nuit de lune montante
–
bien que
pas assez épais pour mériter le nom
de haine
il y a un liquide opaque
qui s’accumule dans ma poitrine
–
figeant mon sourire
pendant une demi-seconde
je regarde
vers ton appareil photo
qui ne peut pas photographier mon coeur
–
arrivant
un petit peu plus tard que d’habitude
et me laissant
comme toujours déçue
le facteur
–
comme si
leurs oreilles étaient à l’unisson
du grondement de l’océan
les jonquilles sont en fleur
dans le village où je suis née
–
avec l’air serein
qu’on voit seulement après un accouchement
un pommier
ouvre grand ses mains
pour accueillir la saison de la neige
–
d’autant plus
qu’on ne peut pas le voir
je regarde éternellement
vers ce pays qu’on dit
se trouver de l’autre côté de l’océan
–
d’une manière ou d’une autre cette impulsion
de te questionner sur ton lieu de naissance
comme je marche avec toi
à travers un sombre passage
dans l’aquarium
°°°
(Choix et traduction : Daniel Py).
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