Chapitre II : De GENROKU (1688-1704) à HÔREKI (1751-1764).
En 1688, naissance du grand satiriste Alexander Pope.
Versets entre 1685 et 1751 :
En faisant tourbillonner sa queue,
le cheval perd,
comparé au moulin-à-eau
La conversation de la chaumière
est capturée
par la cascade
Le fil du cerf-volant empêtré
est réprimandé
à dos de cheval
: un samouraï maudit le fil d’un cerf-volant empêtré sur son cheval.
Radis séchés !
Mais la voix du vendeur
est toute lisse !
Le fils
qui n’apprécie pas la première neige
devient quelqu’un
En revenant de planter
des herbes médicinales,
il attrape un lumbago
Vidant le sac à charbon
elle saute en reculant
de deux ou trois pas
D’en-dessous
nous regardons le lit
de la Rivière-du-ciel
: la voie lactée.
Le passeur
n’a pas l’air du tout pressé
de passer dans l’au-delà
Les chants religieux d’hiver
rencontrent
tout ce qui tombe du ciel
: pluie, vent, neige, etc.
Jour de neige;
le pot pour l’ami chinois
reste là où il tomba
: une scène dans un cimetière.
On choisit les poupées
surtout
pour leur visage
à l’envers
elle se frotte et se récure
avec de la poudre de lessive
: elle se lave les cheveux. Ceci est une parodie du haïku de Kikaku :
pour sa première note
le coucou
chante à l’envers
Convalescence :
recevoir les cadeaux mains jointes
lui devient une habitude
aération d’été ;
les poules entrent
dans les tiroirs
personne ne regarde en arrière
autrui
sous la pluie d’hiver
Avec le seul kimono qu’il possède
il achète
la première bonite
: La première bonite, un mets succulent pour les gens d’Edo, valait presque une perle de prix !
Bourrasque –
le gérant de la papeterie
en perd son latin
La nuit qu’il a rasé sa tête
l’oreiller de la veille
lui semble sale
Le jour où on la rachète
elle se sent comme si
elle vient d’être vendue
: une prostituée, libérée, rachetée par quelqu’un, est heureuse; mais elle garde le sentiment d’être encore quelque chose à vendre.
L’amour est transitoire :
Une corne-de-sanglier * croise
un bateau funéraire
: nom d’un petit vaisseau (à cause de sa forme ?), qui transporte des personnes, sur la rivière Sumida, qui vont au quartier des plaisirs, Yoshiwara.
Une feuille tombe –
la main qui coud s’appesantit –
une autre feuille tombe
Que tu le dépenses
ou que tu l’épargnes,
l’argent est intéressant
Rôle féminin :
seule sa femme
vieillit
: un acteur reste toujours étrangement jeune, particulièrement celui qui joue un rôle féminin, qui porte de gais kimonos. Sa femme, en comparaison, a l’air vieux.
Le polisseur de miroirs
monte
sur son propre visage
Perdu dans ses pensées
regardant
ce que portent les fourmis
Provoquant une querelle
à mon âge,
je me sens honteux
La potion amoureuse ;
attendant, attendant son effet,
l’année s’achève
Lavant ses cheveux,
elle appelle quelqu’un
de sous ses aisselles
Même un homme qui a renoncé au monde
se sent honteux
s’il glisse et tombe
Nettoyage de printemps –
une poupée apparaît
et la fait pleurer de nouveau
Le passeur
sent le jour de printemps
dans ses bras
: Le bateau est plus lourd, avec les humains sortis de leur hibernation !
Infâme
est l’âge de quarante ans
pour une belle femme
: Pour une femme qui a employé sa beauté pour obtenir argentt, pouvoir, amour, le début de la vieillesse est presque la fin de l’existence.
Allant commettre un double-suicide
elle prend peur
d’un feu follet
Du haut d’un pont
ils se rafraîchissent,
regardant une querelle entre bateaux
Dans le kotatsu *
du Nouvel An
encore le feu de l’an dernier
: chauffage pour les pieds, brasero recouvert d’une couverture.
Un hameçon sur une ligne ;
il commet
un petit péché.
: Selon le Bouddhisme, prendre une vie est un péché. L’hameçon étant petit, le péché doit l’être aussi.
La cigale chante
d’un esprit inflexible
face au tonnerre
= le zen de la cigale ?
Le convalescent
foule le sol du temple,
souriant.
Regardant le Mont Fuji,
la planteuse de riz
rajuste sa chevelure
Usé par l’argent
qu’il aurait dû dépenser,
il vieillit.
Ce qu’elle va cueillir
pour mettre dans la soupe
c’est le rêve d’un papillon
: Un papillon endormi est posé sur les légumes qu’elle va cueillir… Ce verset renvoie, bien sûr, à l’histoire de Tchouang-Tseu du rêve de l’homme et du papillon…
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