II)
Versets de Bashô non contenus dans « L’intégrale des haïkus » de Bashô Seigneur ermite, éd. La table ronde, 2012…) :
53)*
kumo to hedatsu tomo ka ya kari no ikiwakare
séparé(e)s par les nuages
l’oie sauvage vit un certain temps à l’écart
de son ami(e)
(Automne 1672. On présume que Bashô se réfère ici à son ami Magodayû, qui vivait à Iga. Le mot kari signifie soit « oie sauvage » soit « temporaire(ment) ».)
237)*
shoshun mazu saké ni ume uru nioi kana
printemps très jeune
vendant du vin de fleur de prunier
l’arôme
(Printemps 1685. Ce brasseur de saké non désigné organisa une séance de renga. Il y a ici une énigme non exprimée : qui vend le « vin » : l’arôme ou la saison des fleurs de pruniers ?)
257)*
torisashi mo kas aya sute ken hototogisu
l’oiseleur jeta
probablement aussi son chapeau –
un coucou
(Été 1685. Bashô écrivit ce verset sur un éventail comportant l’image d’un oiseleur. Ce verset pourrait indiquer que Bashô était fatigué de voyager.)
335)*
iragozaki niru mono mo nashi taka no koe
Le Cap Irago
rien ne lui ressemble mieux
que la voix du faucon
(Hiver 1687. Le Cap Irago se situe à la pointe de la péninsule d’Atsumi. Il était réputé pour sa beauté scénique et était depuis longtemps associé aux faucons.)
348)*
iza yuka n yuki mi ni korobu tokoro made
Allons donc,
pour contempler la neige nous tomberons
jusqu’à y arriver
(Hiver 1687. Ceci est une autre version du verset précédent (347 – publié dans Hanatsumi)* (correspondant au n°332 de K.+C.**). Publié dans le Carnet du havresac. (Le 3 décembre 1687, chez Yûdô, un libraire de Nagoya, eut lieu une réunion pour admirer la neige. ))
386)*
ite toke te fude ni kumihosu shimizu kana
entièrement fondue
le pinceau aspire l’eau
de la source
(Printemps 1688. On considère que c’est une réécriture du verset 349)* ( : K.C.336). Bashô repensa probablement sa version plus ancienne après la lecture du célèbre waka de Saigyô : « s’égouttant / sur les rochers moussus / de l’eau claire de printemps / insuffisamment / pour cette vie d’ermite ». Dans ce poème, au lieu de la glace libérant assez d’eau pour mouiller un pinceau, la source est si petite qu’y mettre le pinceau l’assèche.)
399)*
(Le lotus est princesse parmi les fleurs. La pivoine arbustive est supposée être la riche noble(sse) des fleurs. Une pousse de riz sort de l’eau boueuse, mais elle est plus pure que le lotus. En automne elle porte du riz odorant, de sorte que cette plante a le mérite des deux : elle est pure et procure de la richesse.)
sato-bito wa ine ni uta yomu miyako kana
les villageois
composant des chants au riz
comme dans la capitale
(Printemps 1688. Certains pensent que Bashô dit que les chants des villageois sont les plantations de riz dont ils s’occupent.)
410)*
tanoshisa ya aota ni suzumu mizu no oto
un délice
se rafraîchissant dans une rizière
le bruit de l’eau
(été 1688. L’idée pourrait être que le bruit de l’eau jouit de la fraîcheur de la rizière ou que la personne se délecte d’une telle fraîcheur.)
449)*
okura re tsu wakare tsu hate wa kiso no aki
Se faire nos adieux
et enfin se séparer
automne à Kiso
(Automne 1688. Cette version du verset (suivant) parut dans le Journal de Sarashina.)
450)* = 424)**
okura re tsu okuri tsu hate wa kiso no aki
On lui dit au-revoir
et finalement il dit au-revoir
l’automne à Kiso
(Automne 1688. Cette version est parue dans Arano, un des trois volumes de hokku et renga compilés par Kakei en 1689, sous la supervision de Bashô. Une version contient l’idée d’être séparés et l’autre de (r)envoyer. L’idée ici est que les amis de Bashô lui dirent au-revoir, et qu’il dit au-revoir à l’automne dans la ville de Kiso.)
491)*
omoshiro ya kotoshi no haru mo tabi no sora
comme c’est tentant
au printemps de cette année
de nouveau en voyage
(Printemps 1689. Selon Kyorai, Bashô lui envoya ce poème dans une lettre pour l’informer du voyage planifié. La dernière « ligne » : tabi no sora (« cieux du voyage »), peut induire que le compagnon de voyage de Bashô était Sora, dont le nom signifie « ciel ».)
499)*
iri kakaru hi mo itoyu no nagori kana
le soleil couchant
un filet de brume de chaleur
qui subsiste
(Été 1689. Par un jour chaud, la lumière miroite sur la campagne à cause des courants d’air qui s’élèvent. Quand le soleil descend dans le ciel, il semble pénétrer ce miroitement et son image de chaleur intense pénètre la chaleur de la terre.)
521)*
kakurega ya medatanu hana o noki no kuri
cachette
des fleurs invisibles sur le châtaignier
près de l’auvent
(Été 1689. Les fleurs et la maison étaient cachées à la vue. Sora écrivit dans son journal que celle-ci était la version originelle du poème précédent (520)* = 497)**. La version originelle fut utilisée pour commencer le renga achevé, mais Bashô choisit la version révisée pour son livre.)
536)*
yamadera ya iwa ni shimitsuku semi no koe
temple de montagne
colorant profondément le rocher
la voix de la cigale
(Été 1689. On considère que ce verset est une variante du poème précédent (535)* = 512)**.)
537)*
sabishisa ya iwa ni shimikomu semi no koe
solitude
s’infiltrant dans la roche
la voix de la cigale
(Été 1689. Ce verset est encore une autre variante du même.)
Note sur le 535)* (= 512)**) :
shisukasa ya iwa ni shimi iru semi no koe
quelle quiétude
perçant le rocher
la voix d’une cigale
(Été 1689. Beaucoup d’érudits ont trouvé ce verset problématique parce qu’ils pensent que ni le silence ni un bruit perçant ne peuvent émaner d’un rocher. Cependant le verset est admiré parce qu’il s’articule sur la sensation plus que sur l’intellect. ONH#22.)
(À suivre :
541/2/3* ; 551/2* ; 571/2* ; 578* ; 608* ; 617* ; 620* ; 647* ; 666* ; 667* ; 668* ; 669/670/671* ; 679* ; 682* ; 713/4* ; 727* ; 791* ; 798* ; 799* ; 827* ; 828* ; 834* ; 861* ; 892* ; 900* ; 927* ; 935* ; 952* ; 953* ; 973/4* ; 984/5/6* ; 1005*.)
* numéros des haikai dans l’ordre du Basho The Complete Haiku de J. Reichhold.
** n°s des haïkus dans l’ordre de l’ouvrage de Kemmoku et Chipot : Bashô, Seigneur ermite, La Table ronde, 2012.
Étiquettes : Bashô Seigneur ermite, Bashô The Complete Haiku, J. Reichhold, Kemmoku-Chipot, Kodansha Int. 2008, La Table ronde 2012
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