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(J’allai visiter le Sanctuaire d’Atsuta. Les bâtiments étaient en ruine, les murs de terre étaient écroulés et cachés dans un champ d’herbes folles. On avait élevé des cordes de paille sacrées pour indiquer le site du plus petit sanctuaire et des entassé des rochers pour montrer le sanctuaire lui-même. Des fougères et des mousses poussant en liberté rendaient l’endroit encore plus sacré et vous prenaient le coeur.)
Achetant un biscuit
même les fougères sont desséchées
sur l’aire de repos
(hiver 1684)
NB : À l’époque où Bashô alla voir le sanctuaire, il n’avait pas été rénové depuis l’an 1600, et se trouvait en piteux état. On servait évidemment les biscuits de riz sur des feuilles de fougères desséchées, ce qui concorde avec l’atmosphère pauvre de l’endroit. Bashô aurait pu se sentir aussi desséché que les fougères, ou aussi rassis que les biscuits, ou aussi décrépit que le sanctuaire. Il est intéressant de noter que le sanctuaire est tombé en décrépitude, mais que la maison de thé, pour laquelle Bashô emploie un mot plus impressionnant qu’elle ne le mérite, est toujours en activité.
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gens du marché
je vendrai mon chapeau tel un
parapluie couvert de neige
(hiver 1684)
NB : La technique d’association est évidente ici, parce que et le chapeau conique et le parapluie couvert de neige ressemblent à des montagnes enneigées.
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(Ayant assez dormi au bord de la route, je me levai dans le noir pour aller à la plage.)
à l’aube
le blanc d’un poisson des glaces
long seulement d’un pouce
(hiver 1684)
NB : L’une des trois espèces de poissons apparentés à la sardine ou au poisson gobie des glaces formait le sujet d’un proverbe local : « Un pouce de long en hiver, deux au printemps ».
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(Intercédant auprès de deux personnes inamicales chez Tokoku…)
neige sur neige
cette nuit de décembre
une pleine lune
(hiver 1684)
NB : Alors que Bashô séjournait chez le marchand de riz Tokoku, à Nagoya, deux membres du groupe de renga eurent un différent d’opinions sévère. Bashô, en tant que leader reconnu avait le devoir d’apaiser les tensions. Il semblerait que le message dit que le rayonnement est partout.
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(Les trois vieillards vénérables étaient doués du talent de l’élégance poétique, qui exprimaient ce qu’ils avaient dans le coeur dans des poèmes d’une valeur éternelle. Ceux qui aiment leurs poèmes honorent naturellement d’un grand respect la poésie liée.)
les lunes et les fleurs :
voici les véritables
maîtres.
(1684, hors saison)
NB : Ces « trois vénérables vieillards » sont les maîtres antérieurs du haikai-no-renga : Matsunaga Teitoku (1571-1653), Yamazaki Sôkan (1460-1540) et Arakida Moritake (1460?-1549). Bashô, cependant, dit dans sa strophe que les véritables maîtres ne sont pas les personnes, mais la lune et les fleurs, qui inspirent la poésie liée. Bashô répète qu’il valorise plus le renga, ou versets liés, que les strophes uniques.
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(à suivre : 226-1012)
Étiquettes : 221-225, haikai no renga, Les 1012 haïkaï de Bashô, Moritake, Sôkan, Teitoku, Tokoku
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