Les 1012 haikai de Bashô – 201-204)

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(Visitant une maison de thé, une femme nommée Papillon me demanda un hokku contenant son nom. J’écrivis donc ceci pour elle, sur un morceau de soie :)

le parfum d’orchidée
des ailes du papillon
parfume les habits

(printemps 1684)

NB : Ce verset emploie une technique fantaisiste pseudo-scientifique en disant que les ailes du papillon ont un parfum semblable aux orchidées. Sedirea japonica est une orchidée japonaise classique qui a une odeur lourde de lis et de citron. Le mouvement d’éventail des ailes du papillon est semblable à la manière dont on évente de l’encens sur un vêtement pour le parfumer.

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(Rendant visite à un homme retiré des affaires du monde dans sa chaumière :)

du lierre planté
avec quatre ou cinq bambous
tempête automnale

(automne 1684)

NB : « Aisatsu ku » (« poème de salutations ») donné à son hôte pour le complimenter de son mode de vie simple.

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(Au début de septembre, je revins sur le lieu de ma naissance. Rien ne subsistait de ma mère. L’herbe en face de sa chambre s’était flétrie au gel. Tout avait changé. Les cheveux de mon frère et de mes soeurs étaient blancs et des rides s’étaient formées entre leurs sourcils. Nous ne pouvions que dire : « Nous sommes heureux d’être toujours en vie. » Rien de plus. Mon frère aîné ouvrit une cassette d’amulettes et me dit avec révérence : « Regarde les cheveux blancs de Mère. Tu es revenu après un si long temps. Ceci est comme la boîte à bijoux d’Urashima Tarô. Tes sourcils ont blanchi. » Nous pleurâmes un moment, puis je composai ce verset :)

Si je les prenais dans ma main
ils s’évanouiraient en larmes chaudes
gel automnal

(automne 1684)

NB : L’histoire d’Urashima Tarô dit qu’il sauva une tortue de quelques méchants garnements sur une plage. La tortue l’emmena ensuite au Palais du Dragon sous la mer, où il prit du bon temps. Quand il revint au village, il n’y reconnut plus personne, tellement il était resté longtemps. Tout ce qu’il possédait, c’était une boite de souvenirs du Palais du Dragon, qu’il ne devait pas ouvrir. Mais seul et curieux, il ouvrit la boite. En sortit de la fumée qui rendit ses cheveux et ses sourcils tout blancs. La mère de Bashô mourut le 20 juin 1683, un an presque avant la composition de ce poème. Bashô y était revenu pour un service commémoratif.

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(Voyageant vers Tamato, nous sommes arrivés à Take no Uchi en Katsuge, qui est le village natif de Chiri, ainsi y sommes-nous restés pour nous reposer.)

arc pour battre le coton
aussi apaisant qu’un luth
derrière les bambous

(été 1684)

NB : Bashô emmena un de ses disciples, Chiri d’Asakusa (voir poème 188) dans sa ville natale. Le watayumi est un outil en forme d’arc fait de tendon de vache et de baleine utiliser pour battre les fibres de coton pour en extraire les graines et impuretés avant de les filer.

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(à suivre : 205-1012)

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