Haïku, etc – Py – mai 2011 – 1/3

°

quatre-vingt-onze printemps :
un bouquet de muguet
par Internet

le balcon donnait sur la mère…

(cf : Cocteau : « le balcon donnait sur la mer,
le bal qu’on donnait… »)

°
(Bashôtages :)

toute la nuit
des plongeons
dans l’étang

l’étang endormi
– splash !

torpeur –
la grenouille
éveille le poète

vieil étang
jeune grenouille

le passé dans la mare…

la grenouille
est le réveil
de l’étang

pas de rondeaux :
dans la mare la grenouille
s’exerce au haïku

°

ce matin
le monde
encore debout ?

rue du onze novembre mille-neuf-cent-dix-huit,
des chants si volubiles !

d’autres fleurs blanches
sentant si bon
– soir de mai

°

au soleil
sur la terrasse,
(à) effeuiller
des haïku

tailler
les (mots des) haïku
à la serpe

(d’après Blyth HAIKU I, p.180)

revenant sur la terrasse :
la chaude couverture
du livre

ah, l’odeur du pain
sur la terrasse –
et dans toute la maison !

de la merde séchée
étalée
sur un siège de train

un homme s’y assoit

antenne télé –
une araignée
gratte le ciel

°

(Que) le haïku frappe

par son exactitude
par sa justesse

(ex.: un dessin satirique)

:

touché /
coulé /

(Que) le haïku
déclenche l »‘explosion »
du lecteur !

°

du milieu des fleurs de cerisiers
descendant du train :
la cohue du week-end !

un vol de canards
sous la fine lune
– début mai

la sérénité de savoir
tracer son sillon :
labourer les haïku

chemin solitaire –
la joie aussi
est au rendez-vous

pas seul :
le bruit de son siège
pivotant

ce monde
mercan – tilt !

un bourdon de mai
ajoute sa musique
(enveloppante)

choix de haïku :
réveiller les gens
de leur torpeur…

un mariage passe :
klac
sonnent

klaxons
et youyous :
premier samedi d’aimer

filante
sous l’oiseau en vol

fi(l)ante

grincement de bois
sur l’après-midi :
l’ombrelle du jardin

sérénité :
même la scie du voisin
ne saurait l’interrompre

sur la voiture…

pas besoin de bouger :
les haïku viennent

– et repartent…

(la) voiture (noire)
immobile (au soleil) –
les cônes roses se balancent

du sud
au nord ;
une porte claque

le soleil
s’assied sur une chaise

( petit à petit )

je lève mon verre :
les feuilles,
les cônes de l’arbre
bougent

Fukushima –
sur un programme de concert,
le nom d’un compositeur :
Hiroaki Fukushima
(né en 1979)

l’ouzo :
zou !
– samedi de mai

le voisin
creuse les murs :
termite ?

le voisin du dessous
formatant ses planches
– pelouse

une voisine tourne
au coin du bâtiment
– pelouse

entre lampe
et bière :
premier moucheron de mai

elle plonge aux Maldives –
des glaçons dans mon ouzo

contre le verre
chantent les glaçons –
après-midi de mai

arbres encônés :
vers où le mariage
s’est dirigé…

°

Le haïku ne fait pas dans la « poésie »
(= la recherche « ampoulée » des mots),
il fait dans / il vise à
la simplicité
– voire à l’extrême, la plus nue
[des] simplicité[s]

Dépouillement :
elle passe
avec son chien
(point).

°

au bout de la branche
le cône dansant
de l’arbre
– vent de mai

soir clément de mai ;
un tapis
sur une clôture

les planches
blanches
du voisin
sur la pelouse

balcon –
protégé des voisins
par leur séchoir à linge

balcon –
un avion à réaction
fait vivre le ciel

trois chaises
face à face ;
un corbeau

trois chaises
n’ayant rien à se dire
– terrasse

dès mai, nageuse
en eaux profondes aux Mal
dives * et de mer

* : she dives !

sous l’Aquilon là,
prendras-tu une cherry,
chérie ? – Ciel, son fiel !

à fond,
sans s’occuper
de la forme !

plus le bol est vide,
plus il peut se remplir

avec le nucléaire :
les lendemains qui déjantent
(- les aujourd’huis,
les hiers, même !)

A quand un Monument
aux Morts
du Nucléaire

passés
à venir
et en cours ?

(le futur est irradieux…)

°

Du haïku, souvent,
privilégie le premier jet

(: il a la force du nouveau-né
/ l’énergie)

[: l’ énerjet !]

°

moineaux pointillistes
square Montholon
ce huit mai

la voix des moineaux
parmi les roses rouges !

elle nage
au milieu des raies-manta,
des requins-baleine ;
ici, au milieu des instruments :
concert au salon

odeur de barbecue –
fleurs et oiseaux
dans le soir de mai

repoussant sans cesse
les assauts du travail

(aliénant)

un ciel de traînes
d’avions
et de nuages blancs

(: Orly, soir de mai)

premier janvier :
un ciel d’étrennes…

prendre en photo je ne puis
le chant de l’oiseau
de ce soir

dimanche soir
un klaxon :
retour de mariage ?

Issa
et ses animaux
domes
-tiques !…

fascinant
geste
de la laveuse de carreau

sur la table
les sardines
attendent
le retour de la mèr(e)

entre trois livres de haïku
une mouche
marche

pétales jaunes
au bord du trottoir ;
variations aviaires

dans les bosquets
près de la voie

– quel bonheur !

variations aviaires
si volubiles :
retranscrire en mots
leur solfège

entre ses lèvres
le bout de sa langue
: lecture

swifts
for the first time
over other bird songs

(Nogent s/Marne, 10/5/11)

la voix des oiseaux
– plus mélodieuse
que celle des humains

café allongé :
à Simplon : 2 euros trente
à Saint-Sulpice : 5 euros

jambes
haut-croisées
: l’oeil nu

l’estafette
emplie de plants de fleurs roses :
mai municipal

balais, fourches, râteaux :
l’estafette municipale
au printemps

sur le paillasson
quelques feuilles rousses
: dix mai

retraite :
apprendre à reconnaître enfin
fleurs
et oiseaux…

elle lève son appareil photo
vers la femme
à la lyre

le soir tombe,
on dirait que le parfum des fleurs
grandit

le vieux chat
joue
dans le jardin

ah, les
Ti-he,
Ti-ui,
Tui-tui
des matins de banlieue !

coquelicots –
il s’essuie le cou

°

« Ploc!
la lettre du haïku »
=
l’épître de l’apôtre *?

* , l’auto-promu, l’auto-baptisé !

Hé, l' »apôtre » !
le vent souffle
sur la montagne !

haro
sur l’arrogant
qui s’arroge
de faux-titres
de gloriole
(le mariole) !

= le grenouille-boeuf
(du haïku) ?

légèrement condescendant…
– mais quand même du singe !

°

les ailes (vertes) en V des hamacs –
le bruissement des cigales

(d’après une carte postale : « Non à la rentrée! » – « Repartez »)

l’avion
encore au soleil
– soir de mai

/
(brille
comme un navire
qui fend le ciel)

l’araignée noire
au centre de graines
du printemps

swallows, swifts,
in and out
of the nostrils
of the Great Buddha

une plume
sur le trottoir
rue des Meuniers

dans le métro
une grenouille
: téléphone

mangeant sa salade
dans le métro,
des feuilles tombent

dans le ciel
des grues
des nuages

petits liserons,
petites pâquerettes :
une pelouse défoncée

des vagues de pas
dans le sable
: vacances,
bonheur !

grand-mère,
ses mains
de pierre
glacée

(à suivre : mai 2011 – 2/2)

Étiquettes : , ,

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s


%d blogueurs aiment cette page :