« Windows » – La poésie de Hôsaï : folie ou mythe ? – S. Wolfe

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La poésie de Hôsaï : folie ou mythe ?

A quelqu’un qui n’est pas familier de la sorte d’existence que vécut Hôsaï, sa poésie peut apparaître comme vraiment bizarre. C’est une poésie qui n’est pas concernée par les mots. L’emphase est mise plutôt sur l’expérience. Avant de venir au Japon, j’ai souvent entendu des histoires de moines zen qui atteignaient l’illumination, le « satori » à travers un événement apparemment aussi trivial que le son de cailloux glissant dans une mare. Ce que j’échouais à réaliser c’était qu’avant de connaître ce satori, le moine avait pratiqué la méditation pendant quelques 27 années. Pour moi, la poésie de Hôsaï a cette sorte d’aura. Je ressens l’expérience d’un homme qui a pratiqué un entraînement ascétique spirituel sérieux, « shugyô », qui se manifeste dans sa poésie. Malgré la brièveté et la simplicité, « kanso », il y a souvent une pénétration au coeur des choses. Le langage de Hôsaï n’est pas littéraire, c’est un langage de la vie quotidienne, « kôgo », qui semble être ordinaire à première vue. En se penchant sur les centaines de poèmes que Hôsaï écrivit, on est souvent frappé par une qualité mythique. Quand une prostituée regarde un enfant attraper des grenouilles, on ressent la confrontation entre innocence et expérience.Quand Hôsaï nettoie une tombe puis s’évente, le lecteur prend conscience des cycles de la vie et de la mort. Des images de fenêtres, de portails, de tiroirs vides et d’ombres semblent contenir des attributs mythiques de la condition humaine. Souvent dans la poésie de Hôsaï, l’image est le message. Extraire les images efficaces de son environnement est un des devoirs du poète. Hôsaï en avait l’habileté.
J’espère que ces traductions convient un peu de la profondeur qui se trouve sous la surface de la vision de Hôsaï. Si certains de ses poèmes paraissent folie ou absurdités, la faute en incombe au traducteur. Si une occasionnelle épiphanie s’en vient briller, c’est une expression spirituelle de Hôsaï. »

Stephen Wolfe, Kyoto, Feb. 11, 1977.

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