« L’a-pensée » d’A. Caeiro (F.Pessoa) 6

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« Quand je fais attention, je ne prends pas plaisir : je vois. »

(p.116)

« Voir en réussissant à me dispenser de tout sauf de ce qui est vu.
Telle est la science du voir, qui n’en est pas une. »

(p.117)

« Telle a toujours été ma vie, et
Telle je désire qu’elle soit toujours –
Je vais où le vent m’emporte et je ne me
Sens pas penser. »

(p. 117)

« Je m’enveloppe dans une couverture et je ne pense pas, fût-ce à penser.
Je ressens un plaisir tout animal et vaguement je pense, »

(p.120)

« Tant que je marche sur la route avant le tournant,
Je me contente de regarder la route avant le tournant,
Puisque je n’en puis voir autre chose. »

« N’ayons cure que du lieu où nous sommes.
Il est assez de beauté dans le fait d’être ici et nulle part ailleurs.
S’il y a quelqu’un au-delà du tournant de la route,
Ceux qui s’inquiètent de ce qu’il y a par-delà le tournant de la route,
C’est cela qui pour eux est la route.
Si nous devons y parvenir, en y parvenant nous saurons.
Pour l’instant nous savons seulement que nous n’y sommes pas.
Il n’est ici que la route avant le tournant, et avant le tournant
Il y a la route sans aucun tournant. »

p.119-120 de Poèmes païens Points n° 1651, C. Bourgois éd., 1989.

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