°
» La confondante réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours. »
(p.96)
–
» Je ne sais pas ce que les autres penseront en lisant ceci ;
Mais je trouve que ce doit être bien puisque je le pense sans effort,
Sans la moindre idée de témoins attentifs à m’écouter penser ;
Puisque je le pense sans pensées,
Puisque je le dis comme le disent mes mots. »
(p.97)
–
» J’ai compris que les choses sont réelles et toutes différentes les unes des autres ;
J’ai compris ça avec les yeux, jamais avec la pensée.
Comprendre ça avec la pensée serait les trouver toutes semblables. »
(p.101)
–
» Moi je ne passe jamais de l’autre côté de la réalité immédiate.
De l’autre côté de la réalité immédiate il n’y a rien. »
(p. 101-2)
–
» La réalité est seulement réelle, et non pensée. »
(p.104)
–
» Le miroir réfléchit juste ; il ne se trompe pas parce qu’il ne pense pas.
Penser est par essence se tromper.
Se tromper est par essence être aveugle et sourd. »
(p.105)
–
» Je suis lucide comme si je n’avais jamais pensé,
Comme si j’avais pris racine, liaison directe avec la terre, »
(p.107)
–
» Je suis né sujet comme les autres aux erreurs et aux défauts,
mais jamais à l’erreur de vouloir trop comprendre,
Jamais à l’erreur de vouloir comprendre avec l’intelligence seule, »
(p.108)
–
» Si l’âme est plus réelle
Que le monde extérieur, ainsi que toi, philosophe, tu le dis,
Pour quoi donc le monde extérieur m’a-t-il été donné en tant que modèle de la réalité ? »
(p.109)
–
» Mes jours de parfaite lucidité naturelle,
Je perçois sans percevoir que je perçois,
Je vois sans savoir que je vois, »
(p.110)
–
» Nous vivons avant de philosopher, nous existons avant de le savoir, »
» Tu dis, philosophe malade, philosophe pour tout dire, que c’est là du matérialisme.
Mais comment cela peut-il être du matérialisme, si le matérialisme est une philosophie, »
(p.110-1)
–
» La chimie directe de la Nature
Ne laisse aucun terrain vague pour la pensée. »
(p. 112)
–
» Toutes les opinions qu’il y a sur la nature
n’ont jamais fait pousser une herbe ou naître une fleur. »
(p.112)
–
» Quelle science plus vraie que celle des choses sans science ?
Je ferme les yeux et la terre dure sur laquelle je m’allonge
A une réalité si réelle que mon dos lui-même la sent.
Je n’ai nul besoin de raisonnement là où j’ai des épaules. »
(p.113)
extraits de Poèmes païens Points n° 1651, C. Bourgois éd., 1989.
Étiquettes : Alberto Caeiro, F. Pessoa, Poèmes païens
Votre commentaire