échange (2) anna-daniel (sur « haïku-de-vent »)

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Si en matière d’écriture et d’art les Orientaux réussissent mieux que les Occidentaux, c’est essentiellement parce que leur ego est quasi inexistant … pendant qu’ils continuent à s’en éloigner pour l’accepter avec déférence … nous, nous continuons à le flatter à le préserver, à le nourrir de moult vanité… pas étonnant alors que le haïku soit si mal compris en Occident en général, et en France en particulier au point d’avoir la prétention de vouloir écrire du haïku français … gonflée de fatuité cette ambition est totalement ridicule… Le haïku est un art japonais au même titre que les ikebana, les mangas, les arts martiaux, les estampes, les kimonos, etc. Nous ne pouvons qu’essayer de comprendre leur perception des choses, s’intéresser au mieux à leur univers et saisir la subtilité de leur art pour enfin pouvoir prétendre en écrire…

Tout mode d’expression qui gravite autour de cet art sans autre profondeur que la recherche syntaxique qu’on lui accorde, n’est qu’exercice de style et ne représente aucun intérêt … d’où l’abondance de tous ces fascicules ennuyeux qui germent à tout vent et qui, à peine survolés rejoignent dans l’oubli les poussières des bibliothèques…

anna

Oui, tout à fait anna. Leur ego est pour le moins « décentré », comme les personnages que l’on voit dans les peintures chinoises, dans un coin du tableau, et généralement de dimensions plus que modestes !
Mais les Occidentaux (les Français y compris – surtout ? -) ne veulent pas céder leur trône de « rois de la création » (mes fesses !), tel qu’on leur a appris dans un certain livre sacré, un best-seller ! et donc ils veulent remettre ce moi au centre de tout, au centre du haïku ; j’en ai encore eu l’expérience au dernier kukaï de samedi dernier aux Buttes où certains (membres « éminents » de l’AFH pour ne pas les nommer) tiennent par-dessus tout, dirait-on, à (re)mettre le « je » à toutes les sauces ! Cela s’appelle aussi du « moi-moïsme » (cf Cécile Guilbert in Sans entraves et sans temps morts, nrf Gallimard, 2009), voire du « Sainte-Beuvisme » (je n’ai pas encore vérifié ce terme, mais ne devrais pas tarder !), alors que tous les haijins classiques (pour commencer par les « zen ») recommandent d’évacuer le « je » du haïku, ou tout du moins de le dissimuler (Bashô, le premier, bien évidemment !)…
Enfin, entendent ceux qui veulent (ceux qui peuvent ?) !…

daniel

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(le 19/9/9)

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