8) Le renku.
Un haïku est constitué de 17 syllabes qui peuvent être scindées en trois parties de cinq, sept et cinq. C’est la première partie d’un poème court, ou tanka, qui, lui, en contient 31 : 5/7/5-7/7. Les haïkus furent séparés des quatorze syllabes suivantes au XIV° siècle. On en trouve dans la Collection Tsukuba, compilée par Nijô Yoshimoto (1320-1388).
Tout d’abord il y eut des Poèmes Longs et des Poèmes Courts, les tanka. Puis, au début de l’ère chrétienne, les Courts Poèmes commencèrent par être composés par deux poètes, l’un faisant les 5/7/5, l’autre les 7/7. Une légende rapporte que Yamato-takeru no Mikoto (81-112), troisième fils de l’Empereur Keikô, composa un Court Poème Lié, c’est-à-dire un tanka, ou Court Poème fait par deux personnes. Dans le Manyôshu, compilation faite par Tachibana Moroe (684-757) au milieu du VIII° sècle, dans lehuitième livre, se trouvent de tels Poèmes courts Liés. Les Longs Poèes Liés, c’est-à-dire une succession de 5/7/5-7/7-5/7/5-77, etc. pendant 50 ou 100 vesets commencèrent à apparaître vers la fin de lEpoque Heian (794-858). De tels poèmes liés devinrent très populaires au début de l’Ere Kamakura (1186-1339), et deux écoles apparurent : la sérieuse Ushinha, et la comique Mushinha. La Mushinha donna le nom de Haikai Renga, « poèmes sportifs liés », abbrévié en Haikai à ses compositions, ce qui fut employé pour toute poésie et exercices poétiques tels. Le mot haiku est un mélange de cette expression haïkaï et hokku (le premier poème des Longs Vers Liés), haïkaï + hokku devenant haïku vers le milieu du XVIII° siècle. « Haïkaï » signifie parfois haïku, et certains anciens utilisent encore le mot de « hokku ».
Le haïkaï ou renku a pratiquement cessé de vivre au Japon. Le mépris de Shiki (1866-1902) pour cette forme de composition littéraire en est souvent donné comme la raison. Plus probablement, la difficulté de trouver quatre ou cinq véritables poètes en suffisante harmonie de caractère et d’humeur pour accomplir la tâche difficile d’écrire ensemble un tel poème a peut-être causé l’arrêt de cette pratique.
Le rapport du haïku au renku est un peu comme celui des anciennes statues grecques aux temples qui les abritaient. La statue ne fut taillée pour elle-même que progressivement. Historiquement et aussi dans le but de comprendre leur point de vue et leur ambiance, l’étude des haïkus doit être précédée de qelque connaissance de la nature des versets liés. On comprendra aisément que les poèmes lié subirent eux-mêmes développements et changements à la fois dans leur forme et leur esprit durant plus d’un millier d’années. On ne peut traiter de cela ici, mais on peut donner un court aperçu du développement du haïku à partir du waka en passat par le renku (, nom utilisé pour le « renga » à partir d’environ 1750).
(à suivre, p. 124
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